Été comme hiver, elle a bâti sa maison,
En saison froide, elle la revêt de carton,
Au chaud, sous le ciel étoilé, pour la mousson;
Au milieu de la nuit, elle admire les astres au plafond.
Sous les couvertures, elle cache son visage,
Au petit matin,la foule piétine et ravage.
Souvent,elle ne peut plus respirer,
Elle rêve de la basse marée.
En hiver, au-dessus de la grille chauffante,
Elle s'emmitouffle dans le sac de couchage,
Que les enfants de l'école Sainte-Offrande
Ont distribué le samedi en huit, sans charge.
Lorsque je conduis mon petit à la crèche,
Je la vois se parlant à haute voix,
Gesticulant et protégeant son toit.
Ce pourrait être moi là, dans la dèche.
Cette femme aux cheveux défaits,
Dont on ne peut plus distinguer les traits:
C'est la maman, la soeur, la fille de quelqu'un,
Sans papiers, elle vit sous un nom d'emprunt!
Jamais, au grand jamais, elle ne quémande
Il faut dire qu'elle n'est pas gourmande,
Un jour sur deux, elle est à la soupe,
Et les dîners, toujours elle les loupe.
Ce matin, je ne la vois pas
Au coin de la rue, elle n'y est pas
Sur la grille, il y a son grabat
À l'intersection, c'est le branle-bas!
Au milieu de la rue, un corps immobile
Les yeux mouillés,un excès de bile,
Je regarde et je pleure,
Devant ce spectacle qui m'apeure!
La dame sans nom,sur la chaussée
Sans manteau, les pieds déchaussés,
Autour d'elle, la foule rassemblée
Dan ses mains, une photo déchirée!
J'avais vu, si seulement j'avais su...
C'est moi, l'enfant perdue,
C'est ma maman, la femme de la rue,
Comme une démente, vers elle,je me rue.
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