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jeudi 14 janvier 2010

Le fou du village (écrit inachevé, texte non corrigé)

Il était arrivé un mardi,Sabrina Breton en était certaine. Ce jour-là dans le petit village de Saint-Télesphore de Compton,on le vit débarquer ce jeune homme à l'allure plutôt bizarre, de beaux yeux verts perdus dans la brume,une jambe boiteuse et un parka fait pour les hivers du grand Nord. Il parlait rapidement avec un petit accent mi-anglais, mi-français de France et il se promenait de long en large dans le magasin général. Ce magasin, un vestige du passé avec les longs comptoirs, les bocaux immenses et la vieille fontaine pour les glaces.
À l'arrière.quelques petites tables avec des nappes à carreaux en plastique pour les quelques clients qui venaient prendre un café et s'attabler pour un petit dessert préparé par Georgette Demers, la propriétaire.
Ti-Pit Flower était décédé l'an dernier après une cuvée chez le bonhomme Sautern. Il s'était noyé sur la glace du lac, avec les changements climatiques,on n'était plus jamais sûrs de pouvoir traverser même au beau milieu de l'hiver. Ti-Pit avait toujours pris ce petit raccourci pour se rendre à sa cabane de l'autre côté du lac aux Tortues. Le lendemain,on avait retrouvé sa tuque accrochée au pic à glace et le trou qui avait regelé au courant de la nuit à cause de la chute de température. Ti-Pit étant vieux garçon de quatre-vingt un an, il était le seul membre restant de sa famille.
Sa cabane avait été mise aux enchères au printemps et un homme d'Ottawa en paletot gris avait acheté. Personne ne voulait de cette foutue cabane,tout le monde au village se demandait pourquoi cet inconnu de la ville venait d'acheter cette masure à moitié démolie.
La réponse vint lorsque quelques mois plus tard ce jeune homme se présenta avec les clés. Il vint faire ses provisions qui consistaient en trois litres de lait,deux kilos de steak haché,une urne d'huile d'olive,vingt tomates,deux laitues et cinquante jujubes verts. Il chargea le tout sur son vélo avec précipitation, et lorsqu'il paya Sabrina fut horrifiée par l'apparence de ses ongles sales et longs. Il avait aussi acheté un cable pour un ordi portable. Le wi-fi venait d'être installé au village et on avait vu les gars du cable s'affairer autour de la cabane.
Jeannine St-Amant vivait à deux pas et avait rapporté qu'à tous les soirs le jeune homme courait trente-cinq fois autour de la maison et allait à l'intérieur et ressortait en chemise et sautait vingt-deux fois à la corde juste en face du portique.
La cabane avait été réaménagée avant l'arrivée du jeune homme,les ouvriers de chez Fontaine avaient fait une job top notch et ça avait l'air d'une habitation potable.

Volet 2
Ça faisait au moins deux ans que ce jeune homme était arrivé, et on ne savait toujours pas son nom. Sabrina avait bien essayé mais il lui répondait toujours par monosyllabes. Certains habitants voyaient sa venue d'un mauvais oeil,mais à part son excentricité,il ne faisait de mal à personne. Il était là-bas dans sa cabane isolée et ce qui se passait sur son terrain ou chez lui n'était ''nobody's business"!
Chantal Lacoursière l'avait entendu chanter au bord du lac après la mort de Michael Jackson et elle avait été impressionnée par l'ampleur et la tonalité de ses cordes vocales. Notre Chantal avait un peu l'âme missionnaire, en charge de la chorale de l'église et ''sauveuse d'âmes. Elle se disait que peut-être elle pourrait l'apprivoiser et qu'un de ces jours, elle trouverait bien le moyen de le ramener au bercail.
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M était là devant son ordi, il était dix heures du matin, il était en pleine conversation avec Ahmed du Maroc et il riait aux éclats. Les volets étaient grand ouverts et battaient au vent,donc notre commère voisine pouvait s'en donner à coeur joie, essayant de capter la conversation qu'elle pourrait rapporter à sa prochaine visite au village. Elle avait de la difficulté à comprendre de quoi il parlait entre Pythagore et l'hypoténuse et les dimmensions du cerveau d'Adolf Hitler. Peut-être n'était-il pas si fou après tout, se disait-elle!
Filou St-Amant était postier, il avait le privilège de parfois le voir dans le blanc des yeux, lorsqu'il devrait livrer des colis sous pli recommandé. La semaine dernière, il lui avait apporté une boîte immense en provenance de France. Il avait eu droit à un sourire et une signature illisible. Et notre fou commença à lui parler du dernier film de Quentin Tarantino et de l'absurdité des dialogues. Filou qui adorait le cinéma lui avoua qu'il n'avait jamais vu les films de Tarantino, car ce n'était vraiment pas son genre. M lui proposa de venir un de ces jours écouter les vieux Kill Bill avec lui. Il le remercia poliment et prétexta devoir quitter rapidement à cause des autres livraisons. En fait, c'était plutôt l'odeur nauséabonde qui s'échappait par la porte entrouverte qui l'avait dérangé. M haussa les épaule et s'enfuit à l'intérieur avec le colis.

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Volet 3

M enfourche son vélo, car ce jour est celui des courses au village!
Non seulement doit-il se rendre au magasin général mais il doit arrêter à la pharmacie. Le commis qui y est habituellement est remplacé par cette jeune fille à l'air ébété. M n'a pas envie de faire la conversation, il se dirige vers la tablette de vitamines et fait provision de trois flacons de vitamine B12, quatre de vitamine D et un gros flacon d'huile de foie de morue du Danemark. Il fouille dans ses poches et en ressort trois billets froissés et un peu gluants(on dit que l'argent n'a pas d'odeur), je crois qu'on se devrait de revisiter ce dicton! Il se précipite vers la sortie avant que Sabine puisse dire quoi que ce soit! Elle enfile les gants chirurgicaux et se dirige vers l'évier pour laver les billets, les assèche avant de les mettre dans la caisse. Elle se dit que ce doit être le fameux ''étrange" qui habite sur le bord du lac.
Sabine est de retour de l'université et a décidé de faire son stage en pharmacie dans son village natal. Elle n'a pas eu besoin de postuler, puisque son oncle Sergeant est le propriétaire du commerce. Elle est intriguée par les manières de ce jeune homme qui doit être à peu près de son âge! Ouille, elle repense aux billets puants!
M. pénètre dans le magasin général et s'apprête à commander ses victuailles habituelles. Il veut ses jujubes verts mais le fournisseur n'a pas livré,il se met à crier,à gesticuler et Georgette doit lui demander de sortir. Il jette le contenu de sa commande sur le plancher et s'enfuit à toute vitesse sur son vélo. Il parcourt quelques kilomètres et revient pour s'excuser. Georgette lui fait remarquer que la prochaine fois, elle téléphone à Stéphane Malaprix, le policier car tout le monde a été effrayé par son comportement. M leur dit que cela ne se reproduira plus, qu'il était vraiment déçu mais qu'il espère qu'elle recevra ses jujubes bientôt car ils lui sont nécessaires. Georgette fronce les sourcils et va se verser un double expresso,alors que M est déjà sur son vélo, pleurant à chaudes larmes.
Arrivé à sa cabane, il prend son sac à dos et le range sur la tablette du bas dans le frigo. Il s'étend sur le lit et écoute Beethoven.
Il entend le clic clic d'un message sur Google Talk et se lève. Il entame une conversation avec Marylin des USA, prend le microphone et voilà il lui parle de son projet de rentrer en janvier prochain à Harvard. Marylin lui dit qu'il en est capable.
On frappe à la porte,il regarde et c'est la jeune fille de la pharmacie.
''Qu'est-ce qu'elle vient faire ici?'' se dit M.
Sabine dit: '" Vous avez payé en trop et comme je passais dans le coin visiter ma tante qui est votre voisine, j'ai pensé vous rapporter la monnaie!''

''Ya right", lui dit M! Vous pouvez le laisser dans la boîte en bois, je suis occupé.
Merci!

Volet 4M. avait bien dormi la nuit dernière, au moins dix heures. Il avait rêvé du temps où il allait au terrain de jeux avec son papa le samedi après-midi et au retour sa maman les attendait avec une fête. Il prenait ensuite un long bain de bulles et jouait avec son canard jaune qu'il avait baptisé coincoin. Il avait encore le sourire aux lèvres lorsqu'il entendit des hurlements et des coups bruyants sur la porte. Il regarda par la fenêtre et aperçut ce qu'il lui sembla être deux policiers en uniforme. L'anxiété monta, soudain il voulut mourir,les mots ne sortaient pas de sa gorge. Il s'empara d'un manche à balai et ouvrit doucement. Le capitaine Malaprix le poussa au fond de la pièce et lui demanda ses allées et venues de la veille au soir.

Un vol à main armée avait pris place à la banque du village et les caméras de sécurité avaient capté un individu avec un masque et un sac vert. Comme c'était la première fois qu'un tel incident eut lieu dans cette petite localité,le premier soupçonné fut l'étranger.

M. paniqua et s'enfuit dans les bois. On le rattrapa vite et on l'amena au poste de police,menottes au mains sans lui dire de ce quoi on l'accusait. M. cracha au visage du policier et lui cria des injures leur adjurant que la main de Dieu les punirait. Il leur dit que sur cette terre aucun homme n'avait le droit d'envahir le territoire d'autrui,et que leur autorité n'aurait qu'un temps. Malaprix dit à son collègue: ''C'tun maudit fou!
Georgette m'avait averti!'' Arrivé au poste de police, on le jeta dans une cellule.
C'est alors que M se mit à pleurer en gros sanglots et tout à coup il s'arrêta vivement et leur dit d'une voix pédante: '' Je veux téléphoner à mon avocat tout de suite, je connais mes droits! Vous n'avez aucun droit de me garder captif suite à l'article numéro bla bla bla du code civil et il leur récita deux pages complètes du dit code.'' Malaprix le regarda et fit un petit signe de tête au commis, sergent O'Hara de le sortir de la cellule et de le faire asseoir près du poste téléphonique.
Pendant ce temps à la télé aux informations, on apprit que le voleur de banque avait été arrêté par la police provinciale tout près de Cornwall en Ontario.

Volet 5
Lorsque les policiers entendirent le nom de l'avocat, les cheveux leur dressèrent sur la tête, ils en perdirent le souffle. Ils surent immédiatement qu'ils venaient de se mettre les pieds dans les plats.
M répéta une deuxième fois à l'assistante: '' Dites à Monsieur Kostov-Cohen que c'est M son neveu à l'appareil! Croyez-moi,vous avez tout intérêt à l'avertir immédiatement,si vous ne voulez pas perdre votre poste Mademoiselle. Mademoiselle qui déjà? Lafond? Vous aimez travailler pour le meilleur avocat en Amérique du Nord?

Les policiers sans mot dire lui retirèrent ses menottes et vinrent lui porter une tasse de café. M. avait un petit sourire narquois sur le coin des lèvres, il ne pouvait s'empêcher de savourer son pouvoir sur la masse des cons....
''Bon, ce n'est pas trop tôt, je suis en tôle dans ce petit village de merde. Je me suis fait arrêter par le chef de police du village, ils ont envahi ma propriété et là on essaie de me traiter aux petits oignons parce qu'ils ont entendu ton nom. Je veux leur peau, tu entends et tu viens me tirer de là immédiatement!
Prends ton jet privé, mais je ne sors pas d'ici avant que justice soit rendue.

Quelques heures plus tard, M. sortait de la prison avec son oncle et il débarqua de la limousine juste en face de sa cabane, alors que Kostov-Cohen hochait la tête en parlant au téléphone avec le père de M.

"Écoutes Elie, que veux-tu que je fasse d'autre? Il ne peut plus demeurer à la maison, il fallait qu'il quitte la maison, on ne pouvait plus supporter ses comportements inattendus. Facile pour toi de critiquer, tu as la parfaite famille, tes filles sont mariées, ton fils est un champion de foot! Evelyn a fait une dépression nerveuse, elle est en cure depuis six mois dans une clinique de Vichy. Tu t'imagines perdre la face devant toute la communauté? Je pensais que l'isoler dans ce coin perdu, les gens finiraient par oublier...

M. de retour à sa cabane déversait son trop plein sur un forum anti-policier et écrivit un long article sur la brutalité policière et la sottise des forces de la loi. Il s'en donnait à coeur joie et finit sa soirée en dansant et chantant aux sons du Hallelujah de Leonard Cohen!

Volet 6
Jack se versa un scotch après cette conversation téléphonique. Il se remémorait ces moments de sa vie par bribes. Son enfance dans ce petit bungalow au bord de la rivière des Ours, avec ses frères et soeurs. Son père toujours en état d'ébriété lorsqu'il ne travaillait pas à la mine,sa mère religieuse et dévote qui priait pour le salut de tous et chacun et son frère Élie ''ratoureux'',populaire et qui poursuivit des études en droit envers et contre tous.
Jack, c'était le cinéma qui l'intéressait et il eut ses heures de gloire pour la durée d'un film ou deux et ensuite il se réfugia dans la comptabilité,métier qui lui permettait de faire vivre sa petite famille. Une épouse un peu névrosée et cantatrice ratée, mais tout à fait adorable et un petit garçon plus séduisant que tous les enfants de son entourage. Il vivaient dans la grande ville francophone à Montréal et bientôt son fils fréquenta l'école et les maîtres s'étonnaient de son intelligence si précoce. Il pouvait réciter des livres entiers après simple lecture, il répétait et mimiquait les personnages de tous les films, Jack le voyait déjà un grand acteur, il pourrait réaliser ses rêves.
Peu à peu, Jack grimpa dans la firme de comptabilité et ils purent emménager dans un quartier respectable.
Ce changement de vie et de routine provoqua une crise chez M., il pleurait jour et nuit, refusait d'aller en classe et à partir de ce moment, il suivit les cours par correspondance en ligne. Il avait conservé deux ou trois de ses amis du passé et ils sortaient et venaient coucher à la maison régulièrement jusqu'au jour où il coupa tous le ponts et essaya de mettre le feu à leur demeure.
Volet 7
Chantal Lacoursière avait un plan en tête et lorsqu'elle avait à coeur une cause, rien ne pouvait l'arrêter. Elle avait demandé aux dames de la chorale de préparer des petits plats pour emporter chez l'étranger. Tout le monde au village avait été choqué par ce qui s'était passé et ce malgré que la plupart d'entre eux avaient au préalable applaudi lorsque le chef de police avait arrêté le désormais célèbre ''M''! Le village avait fait la manchette au bulletin d'informations de la chaîne nationale de télévision. La victoire et désormais l'opprobe retombait sur la force policière en particulier son chef qui avait remis sa démission.
Les marchands se disaient que c'était quand même bon pour le tourisme,puisque maintenant on était sur la ''map''.
Chantal avait un gros panier de victuailles de toutes sortes allant de la confiture aux groseilles d'Alice McIntosh au pâté de canard de Dolorès Cervantes,la Mexicaine qui s'était établie ici il y a plus de quarante ans avec son mari Jesus maintenant décédé. Il travaillait pour la mine Durand et avait succombé à un cancer du poumon.
Chantal sortit de sa Chevrolet Malibu 1998 avec les bras chargés comme un mulet. Elle s'apprêtait à frapper à la porte quand M sortit en courant de la maison en poussant des petits cris. Il ne sembla pas la voir et comme il s'en retournait à l'intérieur, Chantal fit: HUMMMM!
Il la regarda droit dans les yeux et lui dit: ''Vous voulez entrer?''
Sidérée, elle ne savait plus quoi répondre et lui tendit le panier...en disant: ''C'est pour vous! On est vraiment désolés pour ce qui vous est arrivé. Je suis Chantal, la directrice de la chorale et on se demandait si vous seriez intéressé à vous joindre à nous à l'église dimanche.'' Elle avait dit tout ça sans respirer comme si elle avait peur d'être interrompue.
Il lui répondit:'' Vous pouvez mettre le panier sur la table. Dimanche à l'église, ça pourrait s'avérer intéressant. Cc'est catholique ou protestant votre église?
''Euh, catholique bien sûr'', lui répond Chantal.
''Je vois, mais vous savez que Dieu n'habite pas dans les demeures faites de main d'homme et qu'un jour les vrais adorateurs du Père ne seront ni sur cette montagne mais en ESPRIT'', lui dit-elle avec un petit sourire narquois.
Et sans attendre sa réponse, il lui ferme la porte au nez et lui crit de la fenêtre qu'il serait là dimanche prochain.

Chantal éberluée se dit qu'après tout, ses prières avaient possiblement été exaucées.

Volet 8
M. fouilla dans le panier laissé sur la table et ouvrit le pot de confitures,il se lécha les doigts car il n'arrivait plus à taper sur le clavier de son ordinateur. Il sortit les biscuits aux pépites de chocolat de la belle boîte métallique et les mangea les uns après les autres jusqu'au dernier.
Après, il alla courir autour de la maison pendant deux heures et jeta le reste du panier dans la poubelle,car tout n'était que gluten et marcha sur la carte de souhaits.Il ragea de s'être laissé prendre au piège. Il se dit que ces gens-là n'avaient pas son intérêt à coeur et qu'il essayaient tout simplement d'enterrer leur culpabilité. La semaine s'écoula sans bruit, M. n'avait pas affaire au village puisqu'il avait décidé de se mettre au régime d'eau et de carottes. Il sentait le besoin de se purifier.
Dimanche...M se coupa les cheveux avec les ciseaux à papier, alla nageR dans la rivière et s'habilla de son blue jeans noir et de la veste verte que son père avait mis dans son sac avant le départ. Il troqua ses bottes brunes pour les espadrilles rouges et il enfourcha son vélo, direction église! Dehors, il aperçut Sabine qui lui fit un petit sourire et il eut envie de s'en retourner à la cabane. Alors qu'elle s'approchait de lui,il leva les yeux au ciel pour ne pas l'envisager.
''Bonjour, vous allez vous joindre à nous?''
''Si Dieu le veut'', lui répondit M.
"Vous pouvez vous asseoir avec moi'', lui dit Sabine.
''Peut-être...¨''
Sabine entra dans l'église seule,se retourna pour voir si M. la suivait mais il avait déjà disparu.
Au milieu du sermon, il fit irruption dans la nef avec une grande cape rouge par dessus sa veste verte. Il s'assit au premier rang, juste à côté de Chantal Lacoursière qui avait les yeux tout écarquillés. Au moment où le curé invita la chorale à venir chanter, M. devança tout le monde et commença à jouer au piano électrique en chantant ''We are the world, we are the children'' et la chorale n'eut guère le choix que de l'accompagner... C'est alors qu'il se leva et ...

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Volet 9
Alors qu'il allait prononcer le discours qu'il avait préparé dans sa tête toute la semaine, M. les mots restèrent bloqués et il se retrouva complètement muet. M. se précipita hors de l'église en courant,enjamba son vélo et prit la route qui menait au village suivant. Sa cape rouge volait au vent,après quelques kilomètres,il s'en débarassa et poursuivit son chemin jusqu'à la station de bus. Avant d'entrer,il fit quelques vocalises pour vérifier s'il avait perdu l'usage de la parole pour toujours mais non il avait toujours sa voix... Au fond de ses poches, il trouva quelques billets froissés et demanda un aller pour Ottawa au guichet. Le commis lui dit qu'il lui manquait vingt dollars. Alors M. brandit son vélo à la hauteur du guichet et demanda à la ronde si quelqu'un voulait acheter son vélo pour vingt dollars. Un gars qui mangeait un sac de croustilles s'avança, pris le vélo et lui remit l'argent.
M. s'embarqua dans le bus et aboutit chez son père. Comme il n'y avait personne à la maison, il sauta par dessus la clôture à l'arrière et alla retira la clef de son appartement qu'il avait caché avant son départ sous le pot de géraniums. Une fois entré,il s'allongea sur son lit et s'endormit. Personne ne s'apercevrait de sa présence,il se dit avant de tomber dans les bras de Morphée...!
Au village, tout le monde se demandait ce qui s'était passé. Chantal Lacoursière avait les joues en feu,Sabine était sortie espérant attraper M,mais alors qu'elle descendait les marches,elle avait vu M filer à toute vitesse sur son vélo en direction opposée de sa cabane. Décidément, M était un être part... Bientôt les paroissiens commencèrent à sortir et on entendait les discussions de part et d'autre,tout le monde parlait de M. et de son départ impromptu.

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Volet 9



Alors qu'il allait prononcer le discours qu'il avait préparé dans sa tête toute la semaine, M. les mots restèrent bloqués et il se retrouva complètement muet. M. se précipita hors de l'église en courant,enjamba son vélo et prit la route qui menait au village suivant. Sa cape rouge volait au vent,après quelques kilomètres,il s'en débarassa et poursuivit son chemin jusqu'à la station de bus. Avant d'entrer,il fit quelques vocalises pour vérifier s'il avait perdu l'usage de la parole pour toujours mais non il avait toujours sa voix... Au fond de ses poches, il trouva quelques billets froissés et demanda un aller pour Ottawa au guichet. Le commis lui dit qu'il lui manquait vingt dollars. Alors M. brandit son vélo à la hauteur du guichet et demanda à la ronde si quelqu'un voulait acheter son vélo pour vingt dollars. Un gars qui mangeait un sac de croustilles s'avança, pris le vélo et lui remit l'argent.
M. s'embarqua dans le bus et aboutit chez son père. Comme il n'y avait personne à la maison, il sauta par dessus la clôture à l'arrière et alla retira la clef de son appartement qu'il avait caché avant son départ sous le pot de géraniums. Une fois entré,il s'allongea sur son lit et s'endormit. Personne ne s'apercevrait de sa présence,il se dit avant de tomber dans les bras de Morphée...!
Au village, tout le monde se demandait ce qui s'était passé. Chantal Lacoursière avait les joues en feu,Sabine était sortie espérant attraper M,mais alors qu'elle descendait les marches,elle avait vu M filer à toute vitesse sur son vélo en direction opposée de sa cabane. Décidément, M était un être part... Bientôt les paroissiens commencèrent à sortir et on entendait les discussions de part et d'autre,tout le monde parlait de M. et de son départ impromptu.

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Volet 10
Une semaine déjà qu'il était dans l'appartement. Son père était revenu hier d'un voyage sur la côte ouest. Alors M. s'était éparpillé,il avait retrouvé son vieil ordi portable sous la pile des livres de physique. Il avait mangé tous les ''cannages''(conserves) qu'il avait laissé sur les tablettes et récupéré des billets enfouis sous la télé du salon pour les en cas.
Ce matin,M, s'était réveillé en pleurant, sa mère le berçait et lui chantait ''le bon roi Dagobert''. Si elle ne l'avait pas abandonné à tous ces cancres du système scolaire, il serait aujourd'hui un monstre de succès,une notoriété du monde scientifique. Maintenant, elle était bien punie dans sa satanée maison de santé, dont elle ne sortirait peut-être jamais. Un père qui ne faisait que le regarder toujours sans mot dire et qui de toute façon n'avait rien en commun avec lui. Quelle belle vie on lui avait donnée,on aurait mieux fait de stopper la machine à gènes.
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Sabine avait retourné la question plusieurs fois au cours de la semaine, elle ne comprenait pas vraiment pourquoi elle avait de l'intérêt pour ce garçon qui n'avait pourtant pas tant d'attraits lorsqu'on le voyait déambuler comme ça. Elle ne pouvait le chasser de son idée, donc elle prit son courage à deux mains, se foutant de toutes les règles d'éthique et téléphona au numéro indiqué en cas d'urgence. Elle avait besoin de savoir,et elle se donnait toutes les bonnes raisons du monde pour ce faire.
-Bonjour, je suis à la bien à la résidence de Monsieur Jack Cohen?
-Oui... ?!
-Mon nom est Sabine et je travaille à la pharmacie... Je ne peux rejoindre Monsieur Matthieu Lessard et il y a une prescription qui l'attend. Il y a votre numéro comme contact d'urgence. Je me demandais...
-Je suis Matthieu Lessard,mais c'est quoi cette histoire de prescription! C'est vous la fille de la pharmacie?
-Oui, vous êtes bien M. qui demeure dans la maison tout près de chez ma tante? Je me faisais du souci pour vous,alors j'ai dû utiliser ce subterfuge pour vous retrouver.
-Matthieu était là bouche bée à l'appareil, ne sachant plus quoi dire! Cette fille avait le béguin pour lui? La dernière fois que ça lui était arrivé c'était dans la classe de Pierre Smith. Elle s'était bien moqué de lui après tout!
- Vous êtes toujours à l'appareil? lui dit Sabine
-Euh... je retourne demain au village, je suis venu chercher des fonds chez mon père pour planter des vignes. J'ai étudié le terrain,je crois que le village pourrait produire de très bons cépages.
-Ah vraiment?
-Bye Mademoiselle Sabine! Je suis très occupé présentement, j'ai un rendez-vous dans cinq minutes avec mon père!




Volet 11
Jeannette Lessard-Cohen avait la tête penchée sur un album photos. Dans cet album, que des photos de Matthieu, sa belle tête ronde de bébé, un sourire qui vous faisait chaud au coeur,^plus tard des cheveux bouclés, il ressemblait à son père, celui qu'il n'avait jamais connu.
Jeannette avait si chaud dans ce solarium où des extra doses de vitamine D envahissait la pièce,elle qui détestait le plein jour, qui se réfugiait sous les arbres même au temps de sa jeunesse. À côté d'elle, une assiette de nourriture, un café infecte comme on les fait en Amérique et pourtant les propriétaires de ce sanatorium, maison de santé comme on les appelle étaient de purs Français de France.
-Jeannette, vous n'avez pas touché votre assiette, lui dit la préposée originaire des Phillipines...vous avez besoin de vous refaire des forces!
-Merci, peut-être demain! Vous avez vu mon fils? Il a sept ans sur cette photo. Il venait de remporter le prix de l'excellence scolaire à travers tout le Canada.
-Oui, il est très beau, vous devez en être très fière!
-Oui, oui......
La préposée avait déjà quitté les lieux et Jeannette se mit à pleurer lorsqu'elle vit la photo du début de la fin! C'était la soirée des finissants, et Matthieu allait chercher son diplôme mais avant lui on avait décerné le prix du meilleur élève à Clothide Lafond. Il entra dans une telle colère, il quitta la salle et on n'entendit plus parler de lui avant deux jours. Il téléphona et il lui dit qu'il voulait mourir, que c'était injuste, qu'il y avait eu une erreur...
Jeannette voulut mourir elle aussi, il était hors de lui même et on avait dû hospistaliser Matthieu et c'est là qu'avait sonné le glas d'une mort lente!
Jeannette entra en transes et se mit à pleurer si fort que la préposée revint et on lui administra un calmant, on la retourna à sa chambre et elle sombra dans un profond sommeil.
Volet 12
Matthieu s'était installé sur le siège arrière de l'autocar, il pouvait ainsi étirer ses longues jambes à volonté. Il pensait à l'altercation avec Jack son beau-père. Il avait beau faire,l'étincelle ne s'était jamais produite! Ah! si sa mère avait été une femme volontaire,indépendante et forte, on n'aurait jamais eu besoin de se réfugier chez cet homme qui n'avait que faire de moi,Matthieu songeait tout bas. Il se rappelait de la première fois qu'il avait été introduit à Jack. De la hauteur de ses trois ans,il avait vu dans son regard lorsqu'il s'était penché qu'il aurait désormais à lutter pour l'affection de sa mère et que son monde tel qu'il l'avait connu venait de se terminer. Il se rappelait de tous les détails,le déménagement,le mariage,sa nouvelle famille qui les regardait d'un air narquois! Oui déjà à trois ans, il pouvait lire les gens! Jack avait toujours essayé de lui faire croire qu'il était son vrai père, qu'il l'avait vu naître,on minimisait ce qu'un petit bout comme lui à l'époque pouvait avoir enregistré dans sa mémoire. C'est pourquoi il avait voulu grandir vite, le dépasser et maintenant il était celui qui se penchait pour le scruter dans les yeux. Il voyait toujours cette animosité qu'il pensait habilement lui cacher. Il se rappelait de tout, tout, tout!
Peu importe s'il n'avait pas obtenu la somme d'argent qu'il espérait pour son projet de cépages,il possédait désormais un vélo flambant neuf qu'il avait déposé dans la soute aux bagages et un endroit bien à lui loin de la foule de la ville et des mensonges.
Il avait fait un autre rêve la nuit dernière qui lui rappelait qu'il devrait tout mettre en oeuvre pour son plan B.
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Sabine dans la vieille maison de ses parents se demandait si ce Matthieu allait revenir. Allongée sur son lit, dans sa petite chambre toujours décorée aux couleurs de son adolescence revivait les moments de cette époque où tous se riaient de son apparence. Elle n'avait que pour amis ses livres, ceux de la bibliothèque et lorsque l'ordinateur était enfin apparu dans sa vie,elle avait pu franchir les frontières du savoir et peupler ses soirées de connaissance. Même aujourd'hui dans ce village ses compagnes et compagnons de classe de l'époque qui étaient restés derrière n'avaient pas la décence de lui parler. Son apparence pourtant avait changé,elle n'était plus cette ''belle grosse'' aux lunettes comme on se plaisait à la décrier mais le passé nous suit même dans le présent. Il y a toujours ce sentiment, ce malaise qui persiste au cours des ans. Peut-être est-ce pourquoi ce Matthieu l'attirait, c'est ce qui la préoccupait ce soir en regardant au plafond de sa chambre.
Volet 13
Jeannette Lessard-Cohen était assise dans le train qui la menait au village,elle avait pris l'avion ce matin très tôt et serait arrivée dans quelques minutes à la gare. Tout s'était déroulé sans anicroches et les autorités du sanatorium n'avaient pas eu d'autre choix que de la libérer puisque selon la loi canadienne personne ne peut être détenu contre son gré. Elle avait balancé tous les médicaments par dessus bord et se sentait d'attaque. Elle allait reprendre sa vie en mains et personne ne pourrait l'arrêter.
À deux pas de la gare, elle aperçut la coquette maison avec l'enseigne indiquant ''Au petit pré vert''. Elle entra et respira l'air ambiant: un mélange de framboise,de lavande et de citron.
Elle était conquise,Geneviève Lamontagne l'accueillit avec son sourire habituel,sa joie de vivre pétillant dans ses yeux.
"Bonjour!"
Bonjour, je vous ai téléphoné, je suis Jeannette Gauthier.
Oui je vous attendais, le train est bien arrivé à l'heure, suivez-moi votre chambre est prête. Elle donne sur le jardin et vous pouvez voir la rivière de votre fenêtre. Nous avons l'accès internet et un petit ordi est à votre disposition,puisqu'un de nos derniers clients l'y a laissé. Vous pouvez venir déjeuner dans quelques minutes, je vous donne le temps de vous installer ou si vous le préférez, je peux vous apporter dans votre chambre. Vous êtes ma seule cliente présentement. Il est vrai qu'il n'y a jamais beaucoup de gens qui passent par ici.

Jeannette laissait parler Geneviève,une personne imposante mais avec une petite voix de rien du tout. Elle était charmante,vraiment charmante ...! Jeannette la remercia, posa son sac de voyage sur le fauteuil et fit rapidement le tour de son nouveau logis avec ses yeux et fut immédiatement conquise. Teintes de vert doux, vert foncé pour les meubles rustiques campagnards, et une bonne vieille chaise berçante qui lui rappelait son enfance.
Un bouquet de fleurs fraîchement coupées,une petite salle de bain attenante et un joli balcon avec une vue sur le pré et la rivière.
Jack ne savait pas qu'elle avait quitté le sanatorium et elle ne se presserait pas pour lui faire savoir au sujet de ses allées et venues. Elle était ici incognito,personne ne connaissait sa réelle identité. Elle pourrait remplir sa mission auprès de son fils et peut-être réparer les ravages causés par toutes ces années, du moins elle allait certainement essayer.
Lorsqu'elle descendit dans la petite salle à dîner,une bonne odeur de pot-au-feu lui remplit les narines,ça sentait les bons plats faits maison,elle qui n'avait plus d'appétit ces dernières années,elle avait la nette impression que ça allait changer.
Geneviève, une veuve esseulée avait décidé de meubler sa solitude en transformant sa maison en ''bed and breafast'' et ainsi elle pouvait à nouveau parler,raconter et même au hasard des clients nouer de nouvelles amitiés.
Jeannette insista pour que Geneviève lui tienne compagnie et elle lui posa des questions sur le village, son historique, ses habitants et mine de rien,elle saurait bientôt où son Matthieu habitait et pourrait savoir comment agir avec tous et chacun. Pour Geneviève, c'était pur délice de pouvoir parler sans être interrompue et d'étaler son savoir. Son dernier client datait de plus de trois mois.

Volet 14
Jeannette assise au café du magasin général feuillette attentivement la section des petites annonces dans l'hebdomadaire du village intitulé:" Le racquetteur",elle y voit une offre pour un éditeur à temps partiel. Elle est tentée,car c'est vers le journalisme et l'écriture qu'elle se dirigeait lorsqu'elle étudiait à la Sorbonne en 68. Que de souvenirs! Elle qui de modeste famille avait obtenu une bourse d'études et qui se prélassait dans cette magnifique ville. Elle se transporte en esprit dans ce petit café dans le Saint-Germain du temps où les discussions s'envolaient rapidement avec la fumé des blondes ou des brunes Gitanes. C'était le bon temps, tous les rêves étaient permis, c'est là qu'elle avait rencontré le père de Matthieu. C'est pourquoi elle dût quitter précipitamment et laisser là sur une tablette bien empoussiérée toutes ses aspirations, son rêve d'enseigner ou de devenir cette journaliste célèbre.
Elle buvait ses paroles,se perdait dans les vagues de ses yeux jusqu'au moment du naufrage. Elle coula et se laissa emporter à la dérive jusqu'à la maison paternelle où son père cet ouvrier des mines la fusilla du regard.
Tout remontait à la surface,elle se demandait bien ce qui serait arrivé si seulement...
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Matthieu était en conversation avec son ami de Besançon, ils parlaient de politique.
François lui dit: ''As-tu la moindre idée de ce que serait le monde aujourd'hui si Mai 68 ne s'était pas produit?"
"Tu me prends pour un con? Ma mère était en France à ce moment-là,elle nous a rabâché les oreilles avec son séjour là-bas mais j'imagine qu'elle n'a pas aimé puisqu'elle est revenue précipitamment. Un slogan du temps que je garde au-dessus de mon ordi c'est: "Il est interdit d'interdire"! ''Ah! j'ai fait bavé ma mère avec ça",dit Matthieu.
"Écoute ''man'', je dois aller au magasin général faire mes emplettes de la semaine,on s'en fait une petite demain même heure demain.''
Y'a pas de soucis,mais demain je vais sur Paris pour le week-end donc et pas d'ordi sauf si je trouve un café,car on visite les vieux de mon père.
''D'acc, rogers'' lui dit Matthieu.
Matthieu enfourche son vélo et se dirige vers le magasin général.
Jeannette est perdue dans ses pensées d'un temps qui fut doux avant de se couvrir d'orage.

Volet 15
Renaud Picard fume sa dernière Gitane de la nuit, de son balconnet il voit la ville illuminée, ce Paris qui l'a vu naitre,grandir et aujourd'hui peut-être mourir... La nostalgie l'envahit malgré la beauté du décor,la belle dame malgré ses rides l'émeut toujours autant. Mai 1968, c'était le bon temps,il était amoureux de Jeannette cette belle Québécoise à l'accent chantant. Et puis un beau jour elle a disparu sans laisser d'adresse, un matin elle était dans ses bras et le lendemain, il ne lui restait qu'une photo de leur amour prise lors d'une manif!
L'eau a coulé sous les ponts de la Seine,deux relations plus tard,Renaud est seul et ses jours sont comptés, il le sait bien! Une famille décimée,ni frères ni soeurs, pas de progéniture, rien qui ne vaille la peine de lutter pour vivre.
Toutes ses affaires sont en règle,il n'ira pas demain commencer les traitements de chimiothéraphie. Il partira à l'aube pour le village de ses ancêtres lointains dans le Poitou-Charentes,personne pour le voir partir et c'est bien ainsi puisqu'il a tout fait pour que tous s'éloignent de lui.
Au salon, l'ordi est sur ce satané Facebook, il a tout fait pour la retrouver mais sans aucune chance. Il n'a pas sommeil,il essaie à nouveau avec seul le nom de famille et tout à coup il aperçoit la photo de ce garçon qui aurait pu être son jumeau. C'est le même nom de famille et c'est au Canada. Naturellement, il ne peut avoir plus d'informations, il doit lui envoyer un mail si il veut en savoir davantage. C'est du délire, il doit sûrement avoir perdu la tête,mais cette photo c'est comme se revoir hier il y a quarante ans.
Voilà le mail est parti!
Bonjour M. Lessard, je suis de France, je recherche une Jeannette qui a le même nom de famille que vous, elle pourrait être de l'âge de votre mère. J'ai essayé en vain de la retrouver depuis plusieurs années, elle était une très grande amie et a demeuré à Paris. Je m'excuse de vous avoir importuné mais je tente ma chance.
Renaud Picard.

Jeannette entendit la porte du magasin s'ouvrir et devant elle son fils dans une chemise à carreaux verts aussi grand que son père,mince et malgré ses gestes maladroits, c'était toujours son petit bébé plus beau que tous à la maternité,des yeux brillants d'intelligence à ses premières heures au jardin d'enfance. Elle se lève mais se rasseoit aussitôt et s'enfouit la tête dans le journal. Ce n'est pas le moment!
Matthieu la frôle sans s'apercevoir de sa présence,elle sent son coeur battre la chamade,il accroche les conserves, étale tout sur le comptoir,sort quelques billets de ses poches et dàjà il est sorti! Jeannette le regarde partir sur son vélo. La jeune fille au comptoir lui dit que c'est un fou mais qu'il n'est pas méchant! Jeannette paie son café, la foudroie du regard et sort dans la rue en pleurant.

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Volet 16
Renaud Picard repensait à tous ces événements qui s'étaient déroulés depuis la dernière semaine. Il était là seul dans ce cabinet de médecin à l'allure un peu vétuste: des boîtes de gants chirurgicaux,un lit de patient en cuirette vert bouteille recouvert de la feuille de papier,des posters sur les dangers de la ''high blood pressure'',une planche du fameux Henry Gray sur l'anatomie humaine et de vieux magazines du Reader Digest et de People à moitié détruits.
Comment en était-il arrivé là?
Quelques jours auparavant,il avait reçu un mail de ce Mathieu lui confirmant que sa mère était bel et bien Jeannette, son amour de jeunesse. D'ailleurs en regardant les photos de Matthieu, il avait l'impression de se revoir aux jours de sa jeunesse. Il était perturbé et après quelques conversations sur le Facebook avec ce charmant jeune homme, il décida sur un coup de tête de s'envoler vers le Canada prétextant un voyage d'affaires. Comme Matthieu était semble-t'il plutôt bavard et ouvert, il lui dit que ça lui ferait plaisir de passer dans son coin pour le saluer et lui parler de sa mère au temps d'hier.
À sa descente de l'avion, chute de tension et c'est là qu'on le dirigea dans ce cabinet de médecin. Le médecin, style inquisiteur mais charmant et très professionnel l'interrogea mais Renaud fit fi de ses problèmes réels et s'en tira fort bien avec un mensonge qu'il lui arrivait d'avoir des chutes de tension après un voyage dans les airs.
Maintenant dans sa voiture de location, il apercevait ces grands champs, ces immenses étendues d'arbres et ces beaux lacs et rivières. À la radio de Radio-Canada, il y avait une entrevue avec le Premier Ministre Harper qui parlait français comme une vache espagnole. Ce que c'était rafraîchissant de se dissocier de la politique française...
Tout à coup, il aperçut une petite église à l'entrée d'un village et une jolie petite pancarte de ce qui semblait être un gîte pour les voyageurs...Il était bien au village en question! Une gentille dame toute souriante l'accueillit avant même qu'il ait eu le temps de refermer la portière de la voiture.
_Bonjour Monsieur, est-ce vous qui m'avez téléphoné il y a deux jours?
-Oui, c'est bien moi! Comment avez-vous su? C'est que personne ne s'arrête ici sauf des gens qui sont friands de chasse et de pêche et disons que vous n'aviez pas le physique de l'emploi ni le véhicule! Et votre accent!
-Ah bon! Mais je n'avais pas encore dit un mot ma chère Dame!
-Il faut vous dire que je regardais par la fenêtre et comme les clients sont rares,je me suis dit que c'était vous avec votre auto louée!
Bon, vous voulez voir votre chambre? Je n'ai qu'une cliente présentement et nous allons dîner bientôt! Donc, si vous voulez ranger vos bagages et venir à la salle à manger...
-Dîner, mais il n'est que treize heures? Ah oui! j'oubliais vous utilisez ce terme pour le déjeuner. J'ai connu autrefois une petite Québécoise en France.
-Bon je vous laisse et à bientôt!
Dans cette petite chambre qui donnait sur la place publique,il pouvait voir quelques badauds qui entraient et sortaient d'un petit magasin....
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Jeannette se préparait à descendre, elle repensait à cette rencontre avec son fils et avait le coeur gros. Ell était frustrée de ce que les gens pensaient et de leur méchanceté. Toutes ces années elle avait enfoui ce sentiment de culpabilité, se demandant si elle avait fait telle ou telle chose au lieu de l'envoyer si tôt à l'école. Elle aurait dû lui enseigner et il aurait conservé son sourire..
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Matthieu pensait à Sabine qu'il n'avait pas aperçu à la pharmacie la dernière fois et il se faisait du souci. C'est bête,ce n'est qu'une salope qui me fera un coup de cochon encore une fois!
Il avait bien hâte de voir ce mec de France qui allait lui parler de sa mère. Ce sera génial de percer les secrets du passé.
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