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jeudi 9 février 2012

Le poète de la ruelle Dalcourt

Le poète de la ruelle Dalcourt (mon plus long poème)
par Mirabelle-Lorraine le Lun 14 Fév 2011 - 9:58

.Le poète de la ruelle Dalcourt



Enfance
Un matin, il naquit de sa mère éplorée
Dans une arrière-cour, dans un petit logis,
Le prenant sur son dos, comme une écervelée!

Rue du centre-ville, sur son coin elle agit
Galbe de la jambe, dents tout écartées,
C’est le premier venu qui viendra dans son lit!

Les nuits sont trop courtes, les chants et les tétées ;
Le jour ne dort plus, ce petit la dérange
Ainsi passe la vie, ces années arrêtées…

Le marmot a grandi, compte sur ses phalanges
Les syllabes des mots; et le regard muet…
Dans son propre univers : rien pour le déranger !

À l’école il est seul, respirant le muguet
Là, sur le pupitre de Madame Chloé ;
Dehors, les enfants jouent, lui, semble être au guet !

Le soir à l’église, il se met à prier,
Ayant dans sa poche son tout petit crayon,
Inventant mille mots, traçant sur le papier !

La leçon de musique, toc le diapason !
Dans sa tête dansent les ré, les mi, le sol
Sur le seuil du logis, il scrute l’horizon.

Sa mère s’est vautrée, elle a l’air d’une folle ;
Il va fermer les yeux, elle crie :’’une bière’’!
Il ne l’entend plus, voit rimes en farandole!

Aujourd’hui il s’en va; sa mère semble fière ;
Baluchon sur le dos, à la gare des trains
Pour la première fois, elle lui dit : ‘’mon Pierre’’!

N’éprouve aucun regret, il fredonne un refrain ;
Et bientôt il s’envole au pays littéraire.
L’ayant laissée derrière, il écrit plein d’entrain!

Envol

Quand enfin, il respire entouré de ses pairs
Il plane, il voltige, cent fois il récidive,
Nuit et jour il écrit, dansant avec les vers.

C’est sur un cheval blanc que vient danser la grive.
C’est du fond de l’enfer que montent les clameurs,
C’est l’apothéose, il vit sur l’autre rive!

C’est la révolution, un printemps de chaleur.
Moment historique, raconte l’émotion,
En strophes saccadées, il sort de sa torpeur!

Il boit, fume au café, mots glissent avec passion.
Les rues sont animées, bientôt son cœur chavire,
Dans la barque d’amour, il en perd la raison!

Exalté sur le pont, poussant un grand soupir,
Il tend à basculer, son pied est chancelant,
Aux effluves du soir, d’opium se ravir!

Il nage sur les vers, il embrasse un enfant,
Il le prend par la main, sur la table des fruits,
Jamais il n’en avait vu d’aussi beaux, autant !

Puis, dans le sein perdu, la lumière qui luit…
Refait le passage pour renaître autrement,
Mais soudain à nouveau se retrouve la nuit !

À genoux, accroupi, les yeux au firmament,
Il redit la prière avec toute la foi,
Du petit qu’il était pour chasser son tourment !

Il revoit la mer bleue, une fois… plusieurs fois,
La voix de la vague l’apaise et lui murmure
Les mots d’avant la vie, doux comme fils de soie!

Gai, gai comme pinson se bute contre mur,
Peu importe, elle est là, il s’envole avec elle,
Lui compose une ode sur ces sons les plus purs !

Une belle illusion, voguant sur la nacelle,
Il voit à l’horizon des champs revêtus d’or,
Au nouveau port d’attache, on entend la sarcelle !



Les années s’écoulent méditant sur son sort,
Dans sa tête les mots se marient, font la noce,
On dirait la gloire, presqu’un prince consort !

S’alignent les tasses sur la table blanc d’os,
Liquide brunâtre et élixir des nuits blanches,
Il ne tient plus debout, vient la fée Carabosse !

Malgré sa jeunesse, jamais ne se déhanche,
Aux rythmes endiablés, chante en s’accompagnant
Sur son vieux luth usé; c’est la dernière manche!

Bien qu’il n’ait que trente ans, son cœur n’est pas gagnant,
Car au jeu de l’amour ne propose que mots,
Son cœur lui ne suit point, ne se voit pas feignant.

Bien tristement célèbre au bar du matelot,
Où sa réputation de jeune homme exalté
A fait tout le tour des habitués rustauds…

Déchéance

Aujourd’hui il est là, au milieu des cafés,
Des papiers gribouillés, regard perdu, hagard
À voix haute, redit la complainte cachée !

Un sanglot dans la voix, soudain sans crier gare,
Il se lève bien droit, en laissant tout derrière,
Tel un automate sur la voie des sans tares!

Son cerveau agité comme un chien en fourrière,
Qui essaie de s’enfuir n’importe où sans penser,
Le pousse vers le train, disparaît en poussière…

Dans la chambre aux pignons, le temps s’est arrêté,
Des milliers de papiers sans leur maître, orphelins,
S’entassent sur le lit, un seul sous l’oreiller !

‘’Complainte à ma mère’’ sur un papier vélin,
Les lettres sont tassées, écriture d’enfant,
Et dans un sac poubelle, on jette le butin !

Derrière la porte, Yvette prend (tout) son temps,
Elle a vu l’officier, elle n’est pas poudrée,
C’est un tout jeune homme, il est là qui attend !

Les volets sont tirés, rien ne sert de pleurer
Dans sa tête ont glissé les mots qu’il a écrits
Ce petit l’a aimé, au ciel s’est envolé !

Dehors c’est l’orage, l’univers pousse un cri,
Dans ses mains un carnet, le serre sur son cœur,
Le curé lui sourit, Pierre avait tout compris !

La pierre tombale; elles ont fleuri les fleurs,
Son nom y est inscrit, la Complainte à ma mère
On récite devant, les vers se perdent, et meurent…

Il était une fois un garçon né derrière
Un pâté de maisons, jonglant avec les mots,
Comme on joue au ballon, il a quitté la terre…


Épilogue

On ne reconnaît pas poète au temps présent,
Lorsque souffle de vie fait vaciller sa plume,
Lorsqu’on entend ses pleurs sifflant avec le vent,
Rejetant ses rimes, non, l ‘hommage est posthume !

Alors que le maire fait aussi de beaux discours,
Parmi ces notables au sourire écorché,
Cachée par un arbre, une femme a pleuré,
On applaudit l’enfant déclamant sans amour !

Les écrits restent : vrai! Cent fois on les répète,
Mais qui peut découvrir l’essence du poète ?
Celui qui dans sa vie fut pauvre et méconnu,
Et qui des siècles après, on porte sur les nues…

Rien ne sert à l’homme de gagner l’univers,
S’il y perd son âme, le poète a saisi…
C ‘est pourquoi librement, dans sa vie il écrit.
Il a aimé, haï, mais sans vendre ses vers !`

Un poème de plus de mille mots que j'avais présenté à un concours, merci André pour ton aide. Les finalistes ont été annoncés aujourd'hui,alors pour moi l'attente est terminée

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